L’épreuve du temps
Oh peine ! Oh désespoir ! En ce lieu sombre je songe à son passé lumineux, teinté de milles voix usant les pavés. De celles-ci il ne reste que des faces soumises aux épreuves su temps. Ceux qui autrefois levaient leur chef pour admirer les créneaux affutés pointant dignement les cieux, laissent maintenant leurs yeux errer dans les caniveaux en songeant à des jours meilleurs.
Je rêve encore de vielles masures en pierre qui faisaient le fierté de certains et de hauts édifices en l’honneur de Dieux justes et bons, mais aujourd’hui il ne reste que quelques ruines au milieu de structures de métal nées de je ne sais quelle perversité. Aucun, aussi grand qu’il soit, ne pourra faire revivre cette beauté d’antan.
Ah ! qu’il était bon de se faire abordé par quelques enfants curieux mendiant une piécette pour voir le manège de chevaux, qu’il était bon d’humer l’air pur relevé d’une pointe de lisier. Je vois aujourd’hui la mort et la poussière dans les coins et l’air n’a plus rien de naturel.
Mais que vois-je au loin ? Celui-ci aurait-il survécut ? Je vois la pierre, je vois l’art, peut être un vestige de ces temps anciens… Mais non ! C’est une pâle copie, indigne de ce monde, dessinée par ces nouveaux architectes ne jurant que par l’utilité et non par la beauté.
Oh rage ! de ne plus vivre, étouffé par la modernité, il faut que je respire et que je rejoigne mes ancêtres.
